Alors qu’il commencera à assembler sa sculpture le 27 juillet prochain, Marc Arcadias dit Zarco de son
nom d’artiste, nous parle d’elle. Entre fierté et honneur, il nous livre les secrets de son œuvre et comment il compte impliquer le public dans le processus de réalisation.
Vous avez officiellement présenté Thalatta le 6 mai dernier, au jardin public dans le cadre de Faites MHB.
Quel accueil lui a été réservé ?
Le public a été très curieux et intéressé si j’en juge par les échanges constants qui ont eu lieu de 10h00 à 19h00. Dès que j’ai installé la maquette, je n’ai pas cessé de répondre aux questions, d’écouter les impressions positives. Le premier constat est plutôt rassurant, car tous rattachent l’œuvre à l’univers maritime et c’était l’intention.
Justement, Thalatta est une œuvre abstraite, c’était donc prendre le risque de ne pas être comprise.
Je pense que c’est très courageux pour la Ville de Marennes-Hiers-Brouage d’avoir pris le parti d’une œuvre abstraite. Il aurait été plus simple de choisir de faire un carrelet, une plate ou une huître. Le résultat aurait été beau, mais sans âme. Thalatta a une âme et c’est justement parce qu’elle est abstraite que chacun peut se l’approprier. Certains y voient un poisson, d’autres l’arrière d’un galion. Quoiqu’on en saisisse, il y a toujours un rapport à la mer. J’ai donné une intention, mais après ça ne m’appartient plus. Le public s’approprie l’œuvre et c’est tout l’intérêt de l’art non figuratif.
Parlez-nous de Thalatta, la porte de l’Océan ?
Thalatta signifie « mer » en grec ancien. La porte de l’océan, car c’est le premier rond-point en arrivant de Rochefort sur cette grande ligne droite. Lorsqu’elle sera installée, ce sera le premier visuel que l’on verra avant l’océan, c’est une perspective vers la côte. Elle représente l’énergie et la dynamique d’une vague.
Les assemblages d’acier sont des particules qui font référence au monde ostréicole, à tous ces acteurs qui dynamisent le territoire. Ils font aussi penser aux nids des oiseaux dans le marais.
Il y aura des incrustations de verre pour évoquer les vitraux des églises de Marennes-Hiers-Broyage : 17 vitraux, car rien n’est laissé au hasard, aux couleurs primaires, car elles permettent de produire toutes les autres couleurs. Ils accentuent la dynamique du mouvement et créeront des scintillements, comme ceux que l’on voit à la surface de l’océan. Thalatta est un mouvement très libre, c’est une ouverture vers les autres, vers les cultures différentes. C’est une ouverture d’esprit, une ouverture vers le monde, vers l’horizon. Je suis fier et honoré de pouvoir réaliser un grand format à cet emplacement rêvé. C’est une belle aventure que je propose de vivre avec le public en l’associant pleinement à la réalisation de l’œuvre.
Sous quelle forme comptez-vous impliquer le public ?
Je vais commencer l’œuvre le 27 juillet. Neuf fois, tous les 14 jours, j’ouvrirai l’atelier au public. Ce sera l’occasion de discuter avec les visiteurs qui pourront dessiner des ambiances de l’atelier, croquer l’avancement de la sculpture et ce qu’elle leur inspire. Ce sera comme un carnet de voyage qui retracera la naissance de l’œuvre. Cette matière sera récupérée avec leur accord et consignée sur le site Internet de la Ville. Le processus créatif pourra donc être suivi partout en France, ce qui permettra de faire rayonner l’aventure au-delà de la Ville et du Bassin de Marennes.
Thalatta sera mise en place à quel moment sur le giratoire ?
Elle sera visible mi-novembre. Il faudra alors déplacer de l’atelier sur le socle en béton de 2 m2, une œuvre dont les dimensions sont imposantes: 5 mètres de haut, 4 mètres de large, 1,5 tonne de métal. La maquette réalisée pour le 6 mai dernier m’a permis de m’entraîner et de cerner les difficultés techniques. Je vais commencer par le châssis en dessinant le tracé à la craie au sol et le photographier. Je superpose cette photographie avec le dessin original sur mon ordinateur pour m’assurer que le mouvement est juste. Ce tracé me permettra de construire le gabarit. Je partirai du centre de l’œuvre, puis de gauche et droite en soudant les pièces de métal. Une heure de travail pour la maquette correspond à au moins une journée de travail pour la sculpture, car les contraintes ne sont pas les mêmes. Je serai accompagné d’une équipe de trois personnes : Ludovic Pineau, paysagiste qui est arrivé second au classement du vote. Je lui ai proposé de dessiner l’aménagement paysager autour de l’œuvre, ce qu’il a accepté sans hésitation. Un maçon s’occupera du coffrage qui accueillera la sculpture et un soudeur m’aidera une vingtaine de jours.
Avez-vous l’habitude de gérer de tels grands formats ?
Le dessin est une passion depuis l’enfance. Après une école en art appliqué à Poitiers puis des expériences professionnelles dans le graphisme et la publicité, j’ai découvert le grand format. J’ai rencontré les arts de la rue et j’ai eu un coup de cœur pour la soudure, le métal. J’ai donc beaucoup travaillé avec des compagnies pour les décors et les accessoires. Parallèlement, j’ai fait mes premières expositions et mes premières performances dans l’espace public. Je me suis ensuite dirigé vers la sculpture dans une démarche de création plus personnelle.
Si je possède un trait artistique reconnaissable, j’aime tout remettre en cause et douter. Je suis tellement heureux à l’idée que Thalatta soit bientôt visible dans l’espace public !
Neuf rendez-vous avec le public À partir du 27 juillet, Zarco accueillera le public dans son atelier pour découvrir l’œuvre et son avancement, les jeudis de 10h00 à 18h00 : * 27 juillet * 10, 24 août * 7, 21 septembre * 5, 19 octobre * 2 et 14 novembre Chacun pourra dessiner, prendre des photos des vidéos pour constituer un carnet de voyage de cette belle aventure qui sera visible sur marenneshiersbrouage.fr. Atelier : 14 avenue Jean Jaurès à Bourcefranc. |









